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Le Gabon au Sommet de l’Avenir : un leadership émergent pour un multilatéralisme revitalisé 

par Emmanuel Thierry KOUMBA

Docteur en Sciences de l’information et de la communication

Université Omar BONGO

Le 23 septembre 2024, le général Brice Clotaire Oligui Nguéma, président de la transition gabonaise, a pris la parole à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies, lors du Sommet de l’Avenir. Dans son discours, il a réaffirmé avec conviction l’engagement du Gabon à jouer un rôle central dans la gestion des crises globales et dans la refonte des mécanismes multilatéraux. Ce message s’inscrit dans la volonté de transformer le Gabon en un acteur incontournable sur la scène internationale, tout en réformant les institutions nationales pour répondre aux aspirations de son peuple.

Une nouvelle ère de multilatéralisme

Le général Oligui Nguéma a d’emblée salué l’adoption du Pacte pour l’Avenir, symbole de la détermination des États membres de l’ONU à revitaliser le multilatéralisme. Il a souligné que, dans un monde marqué par des crises multiformes — de la guerre en Ukraine à l’instabilité au Sahel, en passant par les défis liés au changement climatique — le Gabon s’engage à « jouer sa partition » sur la scène internationale. Ce pacte, soutenu par des dirigeants du monde entier, repose sur l’idée que les solutions aux crises globales ne peuvent émerger que par des efforts concertés.

Pour le Gabon, cela signifie s’impliquer activement dans les discussions internationales et proposer des solutions durables pour les générations futures. Le président a réaffirmé l’importance de l’égalité des sexes, de l’emploi des jeunes et du renforcement de la paix, en tant que priorités pour le développement durable. La présence du Gabon à ce sommet illustre une ambition claire : devenir un acteur de premier plan dans la gouvernance mondiale.

Le Gabon : d’une dépendance bilatérale à un engagement multilatéral

Le discours d’Oligui Nguéma marque aussi une rupture avec une certaine histoire du Gabon, longtemps soutenu par des régimes bilatéraux, notamment avec la France. Après 56 ans de coopération bilatérale marquée par des déséquilibres économiques et sociaux, le Gabon se tourne vers le multilatéralisme pour diversifier ses partenariats et garantir un développement plus équilibré.

L’engagement bilatéral avec l’Occident a souvent montré ses limites, exacerbant les inégalités internes et ralentissant le développement économique. En s’inscrivant dans une dynamique multilatérale, le Gabon aspire à un nouveau modèle de coopération internationale, où la voix des pays en développement sera mieux entendue. Le président a insisté sur la nécessité de réformer les institutions internationales, telles que le Conseil de sécurité de l’ONU et les mécanismes financiers mondiaux, pour qu’ils soient plus représentatifs des réalités géopolitiques actuelles.

Une réponse aux défis globaux à travers une réforme interne

Le Gabon n’a pas seulement l’intention de participer aux réformes globales, mais aussi de les appliquer à son échelle nationale. Oligui Nguéma a souligné que le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), mis en place après la transition politique, vise à instaurer un ordre nouveau pour une gouvernance plus inclusive et transparente. Ce processus, qui répond aux aspirations de la population gabonaise, s’accompagne d’une volonté de reconstruire les institutions et d’encourager l’inclusion des jeunes et des femmes dans la vie publique.

Cette réforme interne s’aligne sur les Objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies, avec un accent particulier sur la préservation de l’environnement, le développement économique et l’éducation. Le président a insisté sur l’importance de la préservation des forêts gabonaises, considérées comme l’un des poumons de la planète, tout en demandant un soutien international pour que le Gabon puisse bénéficier de financements dans le cadre de la lutte contre le changement climatique. Il a plaidé pour des mécanismes d’allègement de la dette et pour la mise en place de financements concessionnels afin d’accélérer les projets de développement dans les pays en développement.

L’éducation et la jeunesse : piliers d’un avenir durable

Un autre point central du discours du président gabonais réside dans son engagement pour un écosystème éducatif inclusif et international. Selon lui, la réussite du Pacte pour l’Avenir passe par un investissement massif dans l’éducation et la formation des jeunes, non seulement au Gabon, mais à l’échelle mondiale. Le président a mis l’accent sur le rôle de la jeunesse dans la construction d’un avenir durable, en appelant à un renforcement significatif de leur participation dans les instances de décision internationales.

Le Gabon entend jouer un rôle de premier plan dans cette dynamique en développant un système éducatif accessible à tous, qui favorisera l’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs et de leaders, capables de relever les défis du XXIe siècle.

Un leadership assumé dans la gestion des crises mondiales

Le discours de Brice Clotaire Oligui Nguéma à l’ONU a marqué un tournant décisif pour le Gabon. En prônant un multilatéralisme réformé et inclusif, le président réaffirme que le Gabon ne se contentera pas d’être un acteur passif sur la scène internationale. Au contraire, il aspire à être un moteur de changement, un pays capable de mobiliser la communauté internationale autour des questions urgentes de paix, de développement durable et de justice sociale.

Face aux défis mondiaux actuels, le Gabon s’affirme comme un partenaire fiable et innovant, prêt à proposer des solutions concrètes et à contribuer activement à la gestion des crises globales. En se réformant de l’intérieur, le Gabon se prépare à jouer un rôle plus influent sur la scène mondiale, démontrant ainsi que même les petites nations peuvent avoir un impact significatif lorsqu’elles adoptent une vision ambitieuse et résolument tournée vers l’avenir. Le Gabon, dans « sa marche sereine vers la félicité », s’engage à jouer sa partition pour un monde plus juste, plus inclusif et plus durable.

Conclusion

Le discours du général Brice Clotaire Oligui Nguéma à l’ONU symbolise la volonté du Gabon de tourner une page de son histoire pour se positionner comme un acteur engagé dans la résolution des crises mondiales. En misant sur un multilatéralisme revitalisé, le Gabon aspire à transformer les relations internationales et à s’inscrire durablement dans les réformes globales, qu’il s’agisse de la paix, du développement durable ou de la gouvernance mondiale. Cette ambition est indissociable des réformes internes entreprises par le Comité pour la transition et la restauration des institutions, qui visent à reconstruire le pays sur des bases plus solides et inclusives. Dans ce cadre, le Gabon place la jeunesse et l’éducation au cœur de sa stratégie, prônant une participation accrue des jeunes à l’échelle internationale. Tout en insistant sur l’importance de la coopération internationale pour relever les défis globaux, le président a réitéré que le Gabon est déterminé à jouer sa partition, tant au niveau national qu’international. Ce moment marque donc le début d’une nouvelle ère pour le Gabon, où l’engagement multilatéral est perçu non seulement comme une réponse aux crises mondiales, mais aussi comme une opportunité pour le pays de contribuer activement à la construction d’un avenir commun, plus juste et durable.