Libreville, le 5 mars 2020 – La capacité des forêts tropicales à capturer du CO2 de l’atmosphère diminue. C’est ce que révèle une étude effectuée sur une période de 30 ans sur 300 000 arbres qui sera publiée ce jour dans la revue Nature.
En vert les zones de forêts tropicales
Menée par le musée royal de l’Afrique centrale et l’Université de Leeds, avec la participation du professeur Kate Abernethy de l’Université de Stirling et de l’Institut gabonais de Recherche en écologie tropicale (IRET) et ses collègues chercheurs, Natacha Bengone Nsi, du ministère des Eaux et Forêts et Viannet Mihindou de l’ANPN, démontre ce que tant craignaient : alors qu’elles sont considérées comme d’importants puits de carbone, les forêts tropicales vont bientôt émettre davantage de CO2 qu’elles n’en capturent et donc devenir au contraire une source de carbone.
Les forêts tropicales humides intactes sont connues comme étant des puits de carbone importants. Elles freinent le réchauffement climatique en capturant du CO2 de l’atmosphère et en le stockant dans leurs arbres. De manière générale, les modèles climatiques comptent sur le fait que ce processus, appelé « séquestration de carbone », continuera encore pendant des décennies.
Cependant, cette étude mesurant croissance et mortalité d’arbres répartis sur 565 forêts tropicales intactes en Afrique et en Amazonie révèle que la séquestration de carbone a atteint un pic dans les années 1990. Dans les années 2010, la capacité de ces forêts à absorber du carbone avait déjà diminué d’un tiers. Ce switch s’explique principalement par une mortalité des arbres plus élevée, et donc un rejet de carbone vers l’atmosphère plus important.
« En combinant des données d’Afrique et d’Amazonie, nous avons pu expliquer pourquoi ces forêts changent. Les taux de CO2, la température, la sécheresse et la dynamique interne des forêts sont des facteurs importants. »