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Libre opinion/Marcel Libama sur le recrutement des chargés de cours vacataires

Le Recrutement des Chargés de Cours Vacataires : Une Véritable Sodomie Pédagogique .

Conséquence d’une absence de politique éducative.
les nouveaux chargés de cours vacataires vont se retrouver dans quelques jours, directement en poste, en charge de plusieurs classes, devant des élèves, sans avoir été formés au métier d’enseignant.
Jusqu’à maintenant, pour devenir professeur de lycée ou de collège il fallait obtenir le concours d’accès à l’ ENS (École Normale Supérieure), puis suivre deux années de formation dans cette école . Mais le ministère de l’éducation nationale a décidé maintenant , de recruter directement les chargés de cours vacataires qui ne suivront pas de formation pédagogique .
Formation que le ministre considère comme superflue.
Ces nouveaux enseignants vacataires n’ont pas les savoir-faire nécessaires pour se retrouver devant des élèves.
Le Professeur Mouyama pense que pour enseigner il suffit de posséder un don ou
d’aimer les enfants. Enseigner c’est un véritable métier qui exige une expertise
On les envoie au casse-pipe.
Le ministre de l’éducation nationale pense que pour faire un bon enseignant il suffit d’une certaine bonne volonté.
Avoir cette conception aussi étriquée du métier, qui débouche sur cette absence de formation, au regard des enjeux de l’éducation, c’est assez dramatique pour un pays qui a la prétention d’être émergent en 2025.

Nous rappelons au ministre de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur quelques compétences considérées par nous comme indispensables pour enseigner qui s’acquièrent au cours de la formation, quelle qu’elle soit. Pour répondre aux multiples exigences de leur profession, les enseignants doivent maîtriser les compétences suivantes :

1. Mobiliser des connaissances en sciences humaines pour une juste interprétation des
situations vécues en classe et autour de la classe ainsi que pour une meilleure
adaptation aux publics scolaires.

2. Entretenir des relations de partenariat efficace avec l’institution, les collègues et les parents d’élèves.

3. Etre informé sur son rôle au sein de l’institution scolaire et exercer la profession
d’enseignant telle qu’elle est définie dans les textes légaux de référence.

4. Maîtriser les savoirs disciplinaires et interdisciplinaires qui justifient l’action
pédagogique.

5. Maîtriser la didactique disciplinaire qui guide l’action pédagogique.

6. Faire preuve d’une culture générale importante afin d’éveiller les élèves au monde culturel.

7. Développer les compétences relationnelles liées aux exigences de la profession.

8. Mesurer les enjeux éthiques liés à sa pratique quotidienne.

9. Travailler en équipe au sein de l’établissement .

10. Concevoir des dispositifs d’enseignement, les tester, les évaluer, les réguler.

11. Entretenir un rapport critique et autonome avec le savoir scientifique passé et à venir.

12. Planifier, gérer et évaluer des situations d’apprentissage.

13. Porter un regard réflexif sur sa pratique et organiser sa formation continuée.

C’est la formation qui donne les diplômes requis pour enseigner mais ces compétences peuvent certe s’acquérir d’autres manières. Il n’est pas nécessaire de suivre une formation pédagogique pour développer la plupart de ces capacités.

Ce qui est demandé aux enseignants peut s’acquérir au cours d’autres études ou
simplement du parcours de vie, par exemple concernant les différentes compétences
relationnelles.
L’expérience professionnelle

L’expérience professionnelle et la formation continuée permettent aux professeurs de
développer ces capacités jugées essentielles. Il faut pouvoir s’informer, se former.

Dans le cas du Gabon les recrutement directs des vacataires se font essentiellement sur la base du diplôme, du militantisme, de la parentocratie mais jamais sur l’expérience professionnelle avérée et les aptitudes à enseigner .
La formation continue est quasiment inexistante dans les bassins pédagogiques. Les centres de perfectionnement de pédagogique sont dans un coma profond .
Dans un tel contexte recruter des chargés de cours sans formation pédagogique et didactique est irresponsable et suicidaires pour notre système éducatif.

Il faut utiliser les enseignants formés de la 25ème et 26ème promotion de L’ENS assisent à la maison et sans poste budgétaires.
C’est dingue, donc le gouvernement a de l’argent pour payer les vacataires mais rien pour payer les jeunes gabonais sortis de L’ENS qui ne demandent rien d’autre que d’être affecté et des salaires .
Beaucoup d’enseignants dans de grandes villes comme Libreville refusent à juste titre d’aller enseigner dans les déserts pédagogiques à l’intérieur, la solution : nous pensons que c’est pas les auxiliaires que nous avons besoin dans nos salles de classe mais des mesures incitatives comme l’octroi d’une prime conséquente d’isolement pour les enseignants qui acceptent de travailler dans des milieux difficiles à vivre comme le fait le Canada, un logement digne de ce nom, la création des postes-emplois, gérer par les conseils municipaux et départementaux, la réouverture des écoles normales et la création des nouvelles.
Les recrutement directs à la veille des élections c’est pas bon dans un système éducatif où la formation continue est inexistante cela constitue un danger public.
Les vacataires sont prévus dans la lois 1/2005
pour des emplois saisonniers et occasionnels, mais avec la fermeture des écoles normales de formation des enseignants depuis quatre ans franchement, est-ce qu’on peut considérer les professeurs du secondaire comme des saisonniers?
Nous voulons des enseignants pour nos enfants, des enseignants bien formés, pas des chargés de cours.
Au primaire ces enseignants recrutés par les assemblées départementales et les hommes politiques dans les villages, sans formation pédagogique on les appelle les auxiliaires pourquoi au secondaire les appeler des chargés de cours ?

Ce sont des Auxiliaires pas des enseignants .
Au Gabon ce qui est provisoire finit toujours par devenir définitif.
Ils finiront par être recruter comme des enseignants sans l’être .
Quelle honte, quand on sait que la réforme de l’école commence par la formation des enseignants. Le gouvernement fait le choix de commencer par le recrutement des auxiliaires.

Pour terminer nous disons ceci sans avoir eu le temps de creuser profondément, nous trouvons anormal et injuste qu’alors que des promotions entières d’enseignants ne sont pas employés, l’État fasse recours à des personnes sans formation qualifiante pour enseigner notre jeunesse.
Il nous semble qu’il est important d’exiger que les diplômés de l’ENS assis chez eux soient immédiatement recrutés pour combler le manque qui justifierait le recours aux vacataires.
Et si les diplômés en question ne suffisent pas, et nous doutons qu’ils puissent suffire, nous exigeons que :

1 – ce recrutement ne s’adresse qu’aux citoyens gabonais ;

2 – qu’ils soient diplômés d’universités et d’institutions publiques gabonaises en priorité ;

3 – des représentants des syndicats représentatifs et des associations de parents d’élèves fassent partie du processus de recrutement pour atténuer des cas de favoritisme et de corruption ;

4 – que la durée du contrat n’excède pas trois (3) ans ;
5 – qu’au bout des 3 ans, tous ceux qui seront intéressés par la profession puissent passer les concours d’entrée à l’ENS ;

6 – que le niveau de base de recrutement desdits vacataires soit le Master 1 dans leurs spécialités…
Voici ce que nous pouvons en dire à chaud .
Nous sommes vraiment débités.

Marcel Libama
Formateur Régional

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