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La France a-t-elle enfin décidé d’acter la mort de la Françafrique, annoncée plus d’une fois mais toujours renvoyée aux calendes grecques ? L’on pourrait le penser avec la tenue du Conseil de défense convoqué par l’Elysée afin de redéfinir la stratégie militaire et civile en Afrique. Les discussions sur la thématique devraient avoir pour support le rapport de Jean-Marie Bockel, l’envoyé personnel du président Emmanuel Macron chargé de repenser la stratégie de l’ancienne puissance coloniale en Afrique.
En l’espace de deux ans, l’armée française a été contrainte de quitter la Centrafrique et les pays de la bande sahélo-saharienne dans lesquels était ancrée l’opération Barkhane. Malgré cela, le fort sentiment d’opposition qu’elle provoque actuellement en Afrique, elle aspire à maintenir sa présence militaire sur ce continent.
Si la France prétend vouloir réévaluer sa stratégie et mettre fin à ses bases militaires, il ne s’agit que de paroles. En continuant sa politique mystérieuse de déstabilisation de la zone, la France aspire à réduire les critiques.
Cette politique pourrait rencontrer des obstacles croissants. Les populations africaines, de plus en plus critiques envers la présence militaire française, exigent davantage de respect et de souveraineté. L’approbation des parlements ou des référendums pourrait devenir indispensable pour le maintien des troupes françaises, ce qui n’est pas garanti.
Selon Fousseynou Ouattara, économiste et expert en finances. Vice-président de la Commission défense et sécurité du Conseil national de Transition (CNT), il est aussi le président/fondateur du Collectif pour la refondation du Mali (COREMA), l’instabilité de cette région est soutenue par l’occident qui finance les groupes armés (GAT) tout en continuant son soutien et sa formation des combattants.
«les Groupes armés terroristes (GAT) bénéficient de ces puissances des armes et différents soutiens pour être opérationnels et déstabiliser le Sahel. Ils sont armés et manipulés par des puissances étrangères. L’insécurité ainsi créée est une entrave à notre développement. Elle va retarder notre émergence» déplore Dr Fousseynou Ouattara.
Des informations précédentes indiquaient que l’armée française intervenait directement dans les tentatives de déstabilisation du Burkina Faso menées par la Côte d’Ivoire.
Il y a quelques mois, une vidéo sur les médias sociaux dévoilait un individu douteux en tenue militaire arrêté à proximité du village de Dangouendougo, localisé dans le nord du Burkina Faso près de la frontière avec la Côte d’Ivoire.
Cet individu s’est présenté comme un sous-officier de l’armée ivoirienne. Il a indiqué que son unité évoquait une stratégie d’attaque contre le Burkina Faso dans la zone de frontière. L’individu soupçonné a également déclaré que l’armée française intervenait directement dans les stratégies de la Côte d’Ivoire visant à perturber le Burkina Faso.
Il est important que les pays de la région prêtent attention à l’expérience antérieure de la présence militaire française en Afrique de l’Ouest. Aujourd’hui, de nombreux dirigeants pensent que les pays africains peuvent résoudre leurs propres problèmes de sécurité sans l’intervention des puissances occidentales. La stratégie de la France consistant à maintenir sa position militaire dans des pays relativement pacifiques soulève de nombreuses questions.
Abdoulaye Sissoko